Interdiction de circuler pour la flotte de véhicules de la famille M113

C’est avec effroi que la Société Suisse des Officiers de l’Artillerie a appris que l’ensemble de la flotte des chars M113 a été interdite de circulation en raison de problèmes de sécurité rencontrés par la Base logistique de l’armée. Cela rend de facto impossible la conduite de formations d’artillerie, car des systèmes clés importants sont conduits sur ces véhicules. Avec l’OG Panzer, dont les formations de sapeurs et les sections de sécurité sont également concernées par cette interdiction de circuler, nous demandons donc que les adaptations budgétaires de l’armée soient effectuées jusqu’en 2030 et que des crédits supplémentaires soient accordés pour le stockage des systèmes existants. Vous trouverez plus de détails dans notre communiqué de presse.

Conférence d’automne 2023

Le thème de notre congrès est le « Système d’exploration tactique (TASYS) ». Ce système permet de combler une partie des lacunes en matière de capacités « acquisition de renseignements et reconnaissance tactique » et de créer des éléments d’un réseau de capteurs, de renseignements, de conduite et d’efficacité au sol. Le matin, le brigadier Yves Gächter, commandant de la Formation d’application des blindés et de l’artillerie, fera un exposé sur l’importance du TASYS pour l’artillerie. L’après-midi, une présentation du véhicule TASYS Eagle V 6×6 ainsi que d’autres moyens TASYS aura lieu avec des explications des experts de l’équipe de projet.

Vous trouverez le programme détaillé sous Conférence d’automne.

Événements de networking 2023

Pour renforcer les contacts hors du service, nous organisons désormais des événements de networking. Lors d’un apéro riche, vous pouvez rencontrer les camarades de votre région et entretenir et élargir votre réseau militaire et professionnel. Cet événement est réservé aux membres de la SSOART, il n’y a ni invités ni conférenciers.

Vous trouverez de plus amples informations sur la page Événements de networking 2023.

Joint Fires – Les Forces aériennes et l’artillerie ensemble à l’engagement

Col Mathias Vetsch & col Fabian Ochsner
Anciens présidents de la Société suisse des officiers d’artillerie (SSOART) et de la Société des officiers d’aviation (AVIA)

Dans les armées modernes, l’appui de feu est de plus en plus mis en œuvre au niveau interarmées («Joint»). Les capacités air-sol des forces aériennes l’air et les tirs indirects des forces terrestres se complètent. La disponibilité du feu pour l’appui direct et indirect aux troupes de combat est considérablement augmentée. Cela nécessite une coopération étroite à tous les niveaux, depuis le commandement des forces interarmées et le centre de conduite des feux de la Grande Unité jusqu’à la direction des feux à travers les Joint Terminal Attack Controller (JTAC) et les commandants de tir.

Sur le champ de bataille moderne, la densité des troupes a régulièrement diminué. La précision, la mobilité, la supériorité de l’information et du tir sont déterminantes pour le succès tactique. Le feu reste le moyen disponible le plus rapidement pour combattre un ennemi sur de longues. Alors qu’une unité mécanisée ou aéroportée prend des heures pour couvrir 30 à 50 km, seul le feu peut avoir un effet à ces distances en quelques minutes.

Moyen d’action

Selon l’emplacement et la nature de la cible, différents moyens d’action peuvent être utilisés:

  • Combat Air-Sol (Close Air Support – CAS) ;
  • Hélicoptère de combat (Close Combat Attack – CCA) ;
  • Artillerie classique (tubulaire) ou lance-fusée ;
  • Lance-mines / mortier.

Chacun de ces moyens, avec les types de munitions associés, a ses avantages et ses inconvénients par rapport aux critères suivants:

  • Disponibilité ;
  • Souplesse ;
  • Effet au but ;
  • Temps requis pour la mise en action ;
  • Distance d’engagement ;
  • Conditions météorologiques et de visibilité ;
  • Précision ;
  • Dommages collatéraux ;
  • Risques pour le propre porteur d’armes.

Par exemple, un lance-minces au niveau d’une compagnie est prêt à agir très rapidement, mais ne peut agir que sur de courtes distances. Les forces aériennes peuvent opérer sur de longues distances, mais ont moins de capacité à durer. Bien que les deux types de munitions avec support GPS soient d’une précision comparable, une bombe aérienne GBU-38 de 500 livres cause des dommages collatéraux plus importants qu’un projectile de 15,5 cm du type EXCALIBUR. Évaluer ces critères et comparer les avantages et les inconvénients est l’une des principales tâches dans la conduite interarmées des feux. Si les avantages spécifiques des moyens d’action sont utilisés, ceux-ci peuvent entraîner une combinaison à la fois d’une plus grande efficacité et d’une plus grande efficience.

Coordination de l’espace aérien/Air Space Managment

Il s’agit simultanément de s’assurer que les utilisateurs individuels de l’espace aérien ne se mettent pas en danger ou ne se bloquent pas mutuellement. Le graphique ci-dessous montre les dimensions dans lesquelles se trouvent les trajectoires des systèmes d’armes à tir indirect. Un chevauchement avec les hauteurs opérationnelles typiques des forces aériennes est évident. Une répartition claire, ainsi qu’une attribution spatiale et temporelle de l’espace aérien pour les utilisateurs individuels des forces terrestres et des forces aériennes est indispensable pour mener la conduite des feux sans mettre ses propres ressources en danger.

Eléments « Joint fires »

Des éléments combinant des systèmes d’armes à tir indirect et des forces aériennes sont utilisés à tous les échelons. Selon les pays, ces éléments sont nommés ou composés différemment :

Joint Fires Support Team

Au niveau de base, vous trouverez le Joint Fires Support Team. L’équipe est composée des observateurs des systèmes d’armes à tir indirect (artillerie et lance-mines) et des Joint Terminal Attack Controller (JTAC), ainsi que de leurs assistants (opérateurs système, opérateurs radio, conducteurs). L’équipe dirige le feu sur place et oriente les pilotes de chasse.

Joint Fires Support Coordination Team (niveau bataillon)

Le Joint Fires Support Coordination Team se trouve au niveau bataillonnaire dans le DBC 3. Il est composé de l’officier d’appui-feu et de son équivalent au sein des forces aériennes. Ils conseillent le commandant de bataillon sur la planification des feux et mènent conjointement la direction des feux au niveau tactique (appui immédiat par le feu).

Joint Fires Support Coordination Group (niveau Grande Unité)

Au niveau des Grandes Unités, le centre de conduite du feu du chef art travaille avec le chef aviation et ses officiers spécialisés sur la planification des tirs. Ils délèguent les moyens au niveau des bataillons pour l’appui immédiat par le feu et mènent eux-mêmes le combat d’ensemble par le feu au niveau de la Grande Unité.

Joint Coordination Board (JCB), Joint Targeting Working Group (JTWG) et Cellule de Targeting (niveau Joint Forces Command, JFC)

Le JCB, parfois appelé le Joint Targeting Coordination Board (JTCB), collecte les définitions de cibles du Joint Forces Command et des forces armées et produit une liste de cibles pour lesquelles la cellule de Targeting fournit ensuite les informations nécessaires au combat. Cette liste de cibles contient également des cibles interdites (no strike list) et des cibles restreintes (restricted target list). Au sein du JTWG, les cibles à combattre sont classées par ordre de priorité et attribuées aux forces armées concernées pour les combattre.

Joint Fires en Suisse?

En Suisse, les considérations sur le Joint Fires n’ont jusqu’à présent trouvé place que dans des études doctrinales préliminaires. Les règlements techniques et de conduite applicables aux forces aériennes et aux forces terrestres n’ont pas de missions et de procédures correspondantes. Même les termes «tirs communs» ou «appui de feu inter-armées» n’apparaissent nulle part. Il y a une raison à cela: depuis que l’avion de combat Hunter Mk58 a été mis hors service en 1994, l’armée suisse n’a plus accordé une attention particulière au combat Air-Sol. Les forces aériennes ne s’occupent de cela que doctrinalement et entraînent exclusivement l’utilisation formelle de canons sur des cibles terrestres. Dans l’Armée 61, la coordination de l’espace aérien était étonnamment bien définie, compte tenu des possibilités de l’époque et de la menace supposée. L’emplacement du chef aviation des Grande Unités a été rapidement déterminé dans le centre de conduite des feux de l’artillerie (CCF) et l’engagement des Joint Terminal Attack Controller (JTAC)a été régulièrement entrainé. Il est prévu que l’achat d’un nouvel avion de combat permette de restaurer la capacité de combattre des cibles au sol. Cela signifie que la question du Joint Fire peut également être traitée avec systématique en Suisse. Les procédés correspondants sont disponibles chez nos voisins et ont été testés dans les conflits actuels. Les études préliminaires suisses favoriseront également l’introduction de telles procédures. L’adaptation et l’intégration des systèmes correspondants et la formation des officiers et spécialistes impliqués dans le processus deviendront un peu plus complexes. Mais l’expérience des forces armées amies pourra également être mise à profit ici.

Conclusion

Encore une fois, on montre ici à quel point il est difficile de retrouver des compétences abandonnées. L’achat de matériel et de munitions n’est qu’un problème secondaire. La perte de savoir-faire et de personnel qualifié, dont le développement prend de nombreuses années est beaucoup plus grave. Dans le domaine de l’appui de feu, faire cavalier seul ne sera plus efficace à l’avenir, ni par les forces terrestres, ni par les forces aériennes. En Suisse aussi, le thème du «Joint Fires»  sera clé à l’avenir. Il ne s’agit pas de «l’un ou l’autre», mais de «l’un avec l’autre» et de l’exploitation des avantages respectifs de tous les systèmes existants.